Par  député européen du groupe ENL

Depuis les attaques islamistes de novembre dernier à Paris, la Commission européenne et le Conseil, sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, exigent le durcissement de la législation concernant l’acquisition et la détention des armes à feu par les particuliers, sportifs, chasseurs et collectionneurs ; législation déjà très stricte et contraignante en France et chez nos voisins immédiats.

Le Parlement européen se voit ainsi contraint (malgré la molle résistance des députés bousculés par la vigoureuse campagne de lobbying de la société civile) à adopter la révision imposée d’un texte qui pose néanmoins de nombreuses questions quant à son efficacité et surtout quant à sa pertinence.

L’objectif invoqué dans l’exposé des motifs est d’intensifier la lutte contre le terrorisme. Et c’est précisément à cet endroit que le bât blesse. Les terroristes islamistes ou autres criminels n’ont pas pour habitude de s’approvisionner sur le marché légal des armes à feu où l’usager et le détenteur sont soumis à des autorisations et des contrôles particulièrement contraignants, qu’ils soient médicaux ou administratifs.

Nul expert, nulle personne n’ignorent plus désormais que le trafic illégal des armes à feu est florissant sur nos territoires et très accessible, notamment par le biais du « Dark Web ». Le nombre de kalachnikov (fusil d’assaut AK-47) ayant disparu dans la nature suite au démantèlement de la Yougoslavie est estimé à 100 millions, et à 10 millions le nombre d’armes à feu illégales actuellement en circulation sur le territoire français. Le bon sens exigerait que la lutte contre le terrorisme islamiste, souvent lié au grand banditisme, commence par la lutte contre ce trafic illégal et le tarissement de sa source. Toutes les armes utilisées dans les récentes attaques terroristes islamistes provenaient de la filière des Balkans. Un durcissement supplémentaire de la législation concernant le marché légal des armes à feu alimentera mécaniquement ce trafic illégal.

[…]

Punir les détenteurs légaux dans l’exercice de leurs droits sans combattre réellement les trafics illégaux autrement que par des mots revient à désarmer les honnêtes citoyens et à armer les terroristes islamistes.

Boulevard Voltaire